Pas de bras…
Pas de bras…
Afin de faire honneur, au repas de la semaine
LE repas de noël, en gros LE phénomène
J'ai contacté Victor qui me souffla ses vers
Par delà son tombeau, à moi pauvre trouvère
Oh ! Combien d'intendants, combien de gestionnaires
S'en sont allés matin pour leur course ordinaire,
Chez ce p'tit fournisseur perdition de leurs bourses,
Dépenser du lycée les bien maigres ressources ?
En ce jour de l’an onze du second millénaire
Nous partîmes à deux sur le coup de midi
Le sourire à la bouche et la fleur au fusil
La fin nous tenaillant comme tous nos congénères !
Nous fîmes donc la queue, échangeant peu de mots,
Certains qu’à notre table, ayant payé l’écot
Nous aurions pour agapes à la fin du repas
Ce mélange sucré : bonbons et chocolats…
C’est après les serviettes et avant les couverts
Qu’étaient donnés les lots aux récipiendaires !
Tendant la main, benêts, on nous fit la réponse
- « Cette année point de sucres, économies obligent ! »
- « Mais pourtant au menu il était en annonce ? »
Osais-je courroucé, soudain pris d’un vertige…
- « Si vous n’êtes pas contents, nous fut-il répondu,
Voyez la gestionnaire, et faites un compte rendu ! ».
Poursuivant le chemin, comme des malotrus
En un mot comme en cent déjà le mal au cul…
Nous allons, poussés dans la foule jusqu’au mont*,
Foie gras comme du lard et tronches de saumon
Marinés de rancœur, et sans Célébrations…
Parcourus du regard par les agents déçus
De nous voir, tout comme eux, frappés par la sanction !
Nous gagnons le salon des professeurs reclus.
Rejoignant là nos pairs, partageant les victuailles
Cons, vaincus, que cet an, nous allions faire ripaille !
En tout état de cause, les mets furent délicats
Les portions en revanche étant plus que congrues
Peu de chance ce jour là de terminer ventru !
Au fin fond de l’assiette pas un seul reliquat !
Certains qu’à nos côtés les élèves profitaient
Du cadeau délicieux qui leur fut ainsi fait
Nous étions tous maris d’être mis au régime
Malgré le prix payé par nous pauvres victimes !
A-t-on voulu forcer l’impécunieux destin
Qui tint bien loin de nous et de nos intestins
Ces fameux chocolats, point d’orgue d’un repas
Qui dans bien des esprits c’est certain restera ?
N’a-t-on point confondu encore cette fois
Avarice et épargne ? Ou est ce par égard
Qu’on voulut éviter à certains cumulards
La possible et douloureuse crise de foie ?
Je ne puis me résoudre à bêtement penser
Que c’est pour 50 balles qu’on nous a dispensés
D’avoir sur un plateau en cadeau de noël
Une simple papillote et quatre caramels !
Aurait-on souhaité en un jour et sans mot
Se mettre d’un seul coup tout le monde à dos
Qu’on ne s’y serait à la vérité pas pris
De pire façon et avec tant de mépris !
Que m’importe les sucres, et ces chocolats là !
Si c’est juste une fève qui sonne l’hallali,
D’une pingre gestion que la crise ébranla
Je veux bien passer le reste des fêtes au lit !
La conjoncture aidant, m’est avis que sous peu
C’est pas le chocolat qu’on nous supprimera
Mais le droit d’en user ou même de sourire…
Et pourquoi pas aussi dans une année ou deux
Payer tout son repas et seulement le servir ?
La manœuvre est aisée, l’esprit est scélérat !
Sachez donc madame, avant que l’année ne file
Et finisse, que de peine fait votre malice* !
Et s’il faut, à tout va, faire des économies
Ce ne sont à coup sûr pas les bons sentiments
Qu’il faut garder de toute forme de dépense,
Mais bien les faux semblants et cette acrimonie
Qui condamne les gens au plus parfait supplice.
Noël est une fête ! Non pas une abstinence,
Eut-il fallu y songer ; bien que difficile…
Lorsque l’on réfléchit …pécuniairement.
Ce jeudi au boulot, pas d’pot pas d’choco
A la fin du repas…pas de bras… pas de chocolat !
Chrispix, Chaud, collé, déjà fourré aux bons sentiments.